Portrait d'artiste : Atsuko Ishii

Portrait d'artiste : Atsuko Ishii

à partir du 20 décembre 2020

C'est en 1995 que débute la carrière d'Atsuko Ishii, fraîchement arrivée en France de son Japon natal après le séisme de Kobe. L'artiste autodidacte à l'immense talent nous dit que l'art n'était pas sa vocation mais elle décide à ce moment d'accomplir quelque chose qu'elle n'avait jamais fait auparavant. C'est donc en rencontrant à Paris un ami travaillant à l'Atelier de la Gravure que celle-ci se lance dans l'eau-forte. Depuis, elle ne cesse de créer ses délicieuses petites gravures détaillées, espiègles et poétiques, qui nous transportent dans un monde imaginaire où se côtoient des enfants et adolescents, des skateboards et des fleurs mais également des fusées, des guitares et des arcs-en-ciel. Plongez au coeur de son univers onirique, que l'on retrouve au gré du temps sur les vêtements d'Isabel Marant ou dans les rayons du Bon Marché, et nous enchante depuis de nombreuses années.

Atsuko n'a pas vraiment de sources d'inspiration à part ce qui lui vient au moment où elle crée ses dessins, sur le vif : "Ce sont des images qui flottent dans l'air et si j'ai de la chance, je les happe. Ces objets réels qui ne reflètent pourtant pas tout à fait la réalité, je les compare souvent à des rencontres spontanées, à des instants qui ne durent pas dans le temps, mais qui peuvent s'ancrer durablement dans nos imaginaires. Le Ma, en japonais, est le concept d'un certain entre-deux, d'espace vide et de silence, qui relie deux objets ou phénomènes séparés, et il prend une place importante dans mon travail."

L'artiste travaille de longues heures, tous les jours, dans son atelier à Vincennes. Elle commence par dessiner directement à la pointe sèche sur la plaque de cuivre vernisée, d'un coup, sans esquisse. Vient ensuite le bain d'acide qui va façonner et transformer la ligne : elle aime l'eau-forte car ce n'est pas immédiat, c'est un procédé qui laisse une part d'inattendu. Une fois la série terminée, elle lui choisit un titre. Elle peut y passer beaucoup de temps et tout comme dans les dessins Haiga japonais et les poèmes Haiku, le titre et l'image sont un ensemble indissociable. "Mon souhait serait que l'on apprécie mes gravures comme on savoure une tasse de café ou de chocolat. C'est un instant fugace, qui ne dure pas, comme un petit éclat. Je ne leur donne pas vraiment de direction et chacun peut les interpréter comme il le souhaite."

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